Depuis maintenant 12 ans, la France a abandonné l’idée de contraindre les automobilistes à placer sur leur plaque d’immatriculation un identifiant territorial lié à leur adresse, au profit d’une immatriculation plus libre. Ainsi, les propriétaires d’un véhicule sont dorénavant libres de faire apparaître sur leur plaque minéralogique le numéro du département de leur choix et le logo de la région. Cette nouvelle mesure a ainsi permis à bon nombre de Français d’affirmer leur attachement pour certains départements. Dans cet article, nous allons faire un tour d’horizon des départements les plus plébiscités et les plus populaires pour les plaques minéralogiques. Les classements que nous vous présentons ont été établis à partir de données recueillies auprès des fabricants de plaques, plus précisément sur la base d’un échantillon représentatif de 50 000 commandes.
Sommaire
Plaques d’immatriculation : peut-on librement choisir son numéro de département ?
Depuis l’entrée en vigueur du SIV (Système d’immatriculation des véhicules) le 15 avril 2009, l’identifiant territorial à indiquer sur les plaques d’immatriculation est librement choisi par tout propriétaire, et ce, peu importe où il réside et où la demande d’immatriculation est réalisée. Autrement dit, on peut opter pour une référence locale qui n’a nécessairement aucun lien avec son adresse. Un conducteur qui habite par exemple en Ardèche peut bel et bien réaliser une plaque minéralogique Haute-Savoie ou Corse. Un Lorientais expatrié à Bordeaux est quant à lui libre de faire figurer les couleurs de sa région d’origine sur les plaques d’immatriculation de son véhicule.
Dans tous les cas, le choix du département conditionne le logo de région qui doit s’afficher juste au-dessous de celui-ci. Ainsi, si un conducteur a choisi le 74, c’est automatiquement le logo de la région Auvergne-Rhône-Alpes qui figurera sur la plaque minéralogique puis le département de la Haute-Savoie (74) appartient à cette région administrative.
Soulignons que la mise en place du SIV répond notamment à 3 objectifs principaux :
- La simplification des démarches administratives des automobilistes.
- La dématérialisation massive des procédures d’immatriculation et celles de paiement des taxes.
- L’amélioration de l’efficacité des contrôles des forces de l’ordre dans une optique de lutte contre la délinquance.
Peu importe l’identifiant territorial que l’on a choisi, un numéro d’immatriculation est attribué à vie à un véhicule. Une voiture immatriculée en France conservera donc incontestablement la même immatriculation depuis le jour où elle est mise en circulation pour la première fois jusqu’à sa destruction, ou son exportation. Un propriétaire peut être amené à changer d’adresses maintes fois, mais tant que celles-ci se trouvent sur le territoire français, le numéro de la plaque d’immatriculation restera inchangé.
Le classement des numéros départementaux les plus plébiscités par les Français
Aussi incroyable que cela puisse paraître, d’après le classement réalisé par le site d’Eplaque, la Haute-Savoie (74) est parvenue à se placer sur la plus haute marche du podium des départements les plus demandés pour les plaques d’immatriculation en 2020. Elle a alors damé le pion aux départements de Paris (75) et des Bouches-du-Rhône (13), respectivement deuxième et troisième. Une performance d’autant plus étonnante étant donné la densité de population de ce département qui le classe en 28ème position des départements français les plus peuplés.
La Haute-Savoie attire chaque année de nombreux touristes avec ses belles villes comme Annecy, Bonneville, Thonon-les-Bains et Saint-Julien-en-Genevois, mais également ses beautés naturelles côtoyant les richesses du patrimoine bâti. Parmi les incontournables qui font d’elle l’un des départements les plus visités en France, on cite principalement ses stations de ski (représentant un cinquième du domaine skiable en France), sa situation géographique se trouvant à proximité de la Suisse, Annecy « la Venise des Alpes », ses châteaux et ses forts militaires et ses glaciers.
Par ailleurs, le département est réputé pour son grand réseau routier d’environ 9 265 km en 2018, soit 173 km d’autoroutes, 28 km de routes nationales, 2987 km de routes départementales et 6077 km de voies communales. Tous ces points expliquent pourquoi la Haute-Savoie fait toujours l’objet d’une grande fierté de la part des Haut-Savoyards et de tous ceux qui la portent dans le cœur. La présence du chiffre 74 sur sa plaque d’immatriculation peut ainsi porter bonheur au conducteur, tout en indiquant fièrement que l’on s’est hissé dans le top 10 des départements les plus visités en France.
Juste après le trio de tête figure le département des Alpes-Maritimes (06), dont la beauté justifie à seule la volonté des automobilistes de faire figurer sur leur plaque le chiffre 06.
En cinquième place se trouve la Corse-du-Sud (2A), cette dernière étant pourtant classée 96ème en nombre d’habitants. Le département du Rhône (69), parfois appelé Nouveau-Rhône, se hisse à la 6ème place, puis la Gironde en 7ème, le Nord (59) en 8ème et le Var (83) en 9ème. La Haute-Corse (2B) vient quant à elle clôturer le top 10 des départements les plus demandés sur les plaques d’immatriculation.
Le classement des départements préférés des Français
Si l’on pondère réellement le classement des ventes de plaques à la densité de la population, on obtient un tout autre classement. Alors que la Haute-Savoie est l’indicatif départemental le plus demandé sur les plaques, il glisse en 3ème position dans le classement des « départements préférés des Français » et se classe 28ème sur 101 dans le classement par densité de population. Ce sont les départements de la Corse-du-Sud (2A) et de la Haute-Corse (2B) qui figurent au sommet des préférences des Français, respectivement 5ème et 10ème meilleures ventes (alors qu’ils sont 96ème et 92ème en termes de population, regroupant 340 000 habitants au total). Cela s’explique bien évidemment par l’attachement pour l’Île de Beauté aussi puissant que durable de la diaspora insulaire corse. C’est également un endroit où affluent massivement les visiteurs chaque année.
Force est de constater que l’engouement croissant que suscitent les plaques minéralogiques corses est aussi dû au fait qu’elles nous préserveraient des invectives des autres automobilistes et des risques de vandalisme. En effet, dans l’inconscient collectif, une voiture présentant une immatriculation corse a moins de risque de se faire vandaliser sur le territoire qu’une voiture immatriculée en dans un département à l’île de France par exemple. C’est une idée reçue totalement subjective, mais relativement bien ancrée. À ces raisons s’ajoutent les touristes qui, à chaque fois qu’ils se rendent en Corse, sont toujours enthousiastes à l’idée de se fondre dans la masse en arborant des plaques d’immatriculation mettant en évidence le chiffre 2A ou 2B, pour éviter d’être considérés comme de simples visiteurs de passage.
La Haute-Savoie est talonnée de près par son département voisin, la Savoie (73) qui, bien qu’étant 3ème en nombre d’immatriculations, est 57ème au classement des départements les plus peuplés. Une autre surprise se trouve juste derrière la Savoie et clôture bien sûr le top 5 des départements préférés des Français : Mayotte (976), laquelle est classée 61ème au classement des demandes d’immatriculation et 82ème en densité de population.
Le classement des départements mal-aimés des plaques minéralogiques
À l’inverse des départements les plus demandés et pour lesquels les habitants ont un fort attachement, ceux qui sont les moins présents sur les plaques minéralogiques sont de façon générale les moins peuplés de France. La Lozère est le département qui se trouve au fond du classement, tant en termes de ventes qu’en densité de population, c’est-à-dire en 101ème position. Juste devant, on relève la Haute-Marne (52) en 100ème position, puis l’Indre (36) en 99ème position, puis le Tarn-et-Garonne (82), le Territoire de Belfort (90), la Mayenne (53), la Creuse (23), la Guyane (973), la Meuse (55) et enfin le Gers (32) en 92ème position.
Hormis ces départements, on constate aussi des zones densément peuplées, mais qui sont en revanche mal-aimées et qui abritent de nombreuses personnes originaires d’une autre région qu’elles préfèrent. Autrement dit, celles-ci affichent une demande d’indicatif de plaque qui se révèle très faible au regard de leur densité de population. Parmi les mal-aimés figurent principalement la Seine-Saint-Denis (93), la Loire (42), la Mayenne (53), les Deux-Sèvres (79) et le Val-de-Marne (94).
Pourquoi certaines personnes préfèrent-elles un département en particulier ?
Si beaucoup de gens préfèrent placer sur leur plaque d’immatriculation l’identifiant territorial d’un département en particulier, c’est soit parce que celui-ci est une zone touristique où ils se rendent généralement chaque année, soit parce qu’ils ont tout simplement un attachement particulier pour cet endroit. Prenons un exemple illustrant ce deuxième cas. Les Hautes-Alpes sont un département qui a peu d’activités économiques et pousse par conséquent ses habitants à chercher du travail ailleurs. Afin de manifester leur attachement, les Haut-Alpins d’origine font le choix de mettre l’identifiant territorial des Hautes-Alpes sur leurs plaques minéralogiques, même s’ils vivent loin de ce département.
Il arrive également que ces gens choisissent de mettre le numéro d’un département en particulier afin de ne pas voir leur voiture vandalisée. Effectivement, il existe certains départements qui ont un côté « chauvin » ou qui considèrent tout simplement que les gens venant d’un certain département sont désagréables ou trop envahissants. C’est souvent le cas de Bordeaux (33) ou de Toulouse (31). En réalité, les Bordelais et les Toulousains ne sont pas désagréables, mais cela reste une idée reçue bien ancrée qui peut parfois conduire à certains actes malveillants.
Certaines plaques d’immatriculation sont-elles à éviter ?
Que l’on ait fait l’acquisition d’un véhicule neuf ou d’occasion, on ne doit privilégier que les plaques d’immatriculation issues du nouveau système SIV. Très règlementé, ce dernier permet la mise en place de plaques d’immatriculation noires pour les véhicules considérés « de collection« et blanches pour les véhicules classiques. Les deux eurobandes sur les côtés de la plaque sont obligatoires, puis celle de droite est personnalisable avec l’identifiant territorial sélectionné par le propriétaire, lequel n’est nécessairement pas celui précisé dans le certificat d’immatriculation.
Notons cependant que certaines lettres sont interdites sur les plaques minéralogiques, comme c’est le cas des voyelles I, O et U. La raison est en effet d’éviter que le SIV ne les confonde avec d’autres signes, par exemple le I avec le 1, le O avec le 0 et le U avec la lettre V. La combinaison « SS » est également interdite, non pas parce que ces deux lettres entraînent le dysfonctionnement du SIV, mais parce que celles-ci sont liées à un pan historique imprégné dans l’esprit des Français. Plus précisément, « SS » rappelle la Schutzstaffel (escadron de protection du régime d’Adolph Hitler) qui avait pour objectif d’organiser la déportation et l’extermination de millions de personnes dans les années 1940.
En outre, il existe certaines combinaisons de lettres qui se révèlent disgracieuses, mais qui ne sont pas interdites par le SIV, la combinaison SS étant la seule retirée de ce nouveau système. De nombreux propriétaires se sont même vus attribuer une plaque minéralogique comportant ces associations et qui ne sont malheureusement pas parvenu à obtenir gain de cause en tentant d’entreprendre plusieurs démarches pour changer la plaque. Il s’agit d’une interprétation subjective. Ainsi, les combinaisons KK, PQ, PT, QQ ou WC ne donnent droit à aucune possibilité de changement.
Les recours sont certes très limités, voire inexistants, si malencontreusement on reçoit une plaque qui contient l’une de ces combinaisons, mais il existe en revanche un moyen de ne pas hériter d’une immatriculation comportant une association de lettres disgracieuses. Pour ce faire, il convient, avant de se lancer dans les démarches d’immatriculation, de porter une attention particulière à l’indicateur témoin de numéro d’immatriculation que les sites habilités mettent à disposition des demandeurs. Mis à jour quotidiennement, celui-ci a pour objectif d’indiquer aux internautes les combinaisons de chiffres et de lettres actuellement utilisées par le SIV pour les aider à ne pas se retrouver avec une mauvaise association. Par exemple, si aujourd’hui l’indicateur montre que les 2 dernières lettres vont de PA à PT, mieux vaut attendre demain pour faire la demande, et ainsi éviter d’obtenir les séries PQ ou PT. Il s’agit d’une astuce qu’utilisent de nombreux automobilistes pour échapper à une combinaison disgracieuse qui restera à vie sur leur véhicule.