La question de savoir si une voiture électrique coûte plus cher qu’une voiture thermique hante de nombreux automobilistes. À première vue, la réponse semble simple. En effet, lorsque vous vous rendez chez un concessionnaire pour explorer les modèles, les étiquettes de prix des véhicules électriques peuvent sembler vertigineuses par rapport à celles de leurs homologues thermiques. Mais est-ce réellement aussi évident ? Faut-il se limiter à la comparaison du coût d’achat initial, ou doit-on aller plus loin et prendre en compte d’autres facteurs, souvent moins visibles mais tout aussi déterminants ?
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Coût d’achat : la première barrière
D’un point de vue strictement financier, l’écart initial entre une voiture électrique et une voiture thermique est indéniable. Le prix d’une voiture électrique est souvent plus élevé en raison de la technologie avancée qu’elle embarque, notamment la batterie. La batterie constitue le cœur de la voiture électrique, représentant parfois jusqu’à 40 % du coût total du véhicule. Contrairement aux moteurs thermiques qui existent depuis plus d’un siècle et dont les coûts de production sont largement optimisés, les batteries, en particulier les lithium-ion, sont encore en pleine phase de développement technologique. Cependant, ce surcoût doit être analysé sous un autre angle : celui des subventions gouvernementales.
En France, pour aider au financement voiture électrique, les aides sont particulièrement généreuses et permettent de réduire considérablement le coût initial d’acquisition. Le bonus écologique, qui peut atteindre jusqu’à 7 000 € pour les ménages aux revenus modestes, représente la première aide majeure. Ce bonus s’applique aux véhicules coûtant jusqu’à 47 000 €, à condition qu’ils émettent moins de 20 g/km de CO₂, ce qui est le cas de la plupart des voitures électriques. Pour les ménages ayant des revenus plus élevés, le bonus est réduit à 5 000 €, et pour les véhicules coûtant entre 47 000 € et 60 000 €, le montant est plafonné à 3 000 €. À ce bonus s’ajoute la prime à la conversion, qui encourage le remplacement des anciens véhicules thermiques polluants. Cette prime peut atteindre 6 000 € pour les ménages à revenus modestes qui mettent à la casse un véhicule vieux de plus de 13 ans. En cumulant le bonus écologique et la prime à la conversion, un acheteur peut bénéficier d’une réduction totale allant jusqu’à 13 000 €, voire 14 000 € dans certains cas spécifiques, comme pour les habitants des zones à faibles émissions (ZFE) qui reçoivent une aide supplémentaire de 1 000 €. Ces incitations peuvent aussi être complétées par des dispositifs régionaux, comme en Île-de-France où une aide locale supplémentaire jusqu’à 6 000 € est disponible, rendant ainsi l’achat d’une voiture électrique beaucoup plus abordable. Grâce à ces mécanismes, le surcoût initial souvent perçu des véhicules électriques est largement atténué, facilitant leur adoption auprès d’une plus large population, et ce, dans un contexte où les réglementations sur les émissions polluantes deviennent de plus en plus strictes.
En revanche, pour un achat professionnel ou une entreprise, les calculs sont plus complexes. Certaines aides sont limitées dans le temps ou plafonnées, ce qui peut rapidement réduire leur impact. Le coût initial d’une voiture électrique, sans subventions, reste donc plus élevé dans la majorité des cas. Cependant, cette première barrière n’est que la partie émergée de l’iceberg. Ce qui compte réellement, c’est le coût total de possession.
Coût total de possession : une perspective plus large
Ce concept de « coût total de possession » est essentiel. Il permet de dépasser la simple comparaison des prix d’achat pour inclure tous les frais inhérents à la propriété d’un véhicule : entretien, énergie, assurances, dépréciation, taxes. Dans ce cadre, les voitures électriques ont plus d’un tour dans leur sac.
Commençons par l’énergie. L’électricité est nettement moins chère que l’essence ou le diesel. En moyenne, pour parcourir 100 km, une voiture électrique consomme entre 15 et 20 kWh, soit un coût oscillant entre 2 et 4 euros selon les tarifs d’électricité. Pour un véhicule thermique, la consommation moyenne en carburant se situe aux alentours de 7 litres aux 100 km, ce qui, au prix actuel du carburant, peut facilement grimper à 10 ou 12 euros. Si l’on multiplie cette différence par le nombre de kilomètres parcourus chaque année, le coût énergétique devient clairement en faveur de la voiture électrique. Mais attention, ce calcul n’est valide que si vous avez accès à une borne de recharge à domicile ou à un tarif d’électricité avantageux. Les bornes publiques, en particulier les bornes rapides, peuvent rapidement faire grimper la facture.
L’entretien est un autre point souvent mis en avant. Les voitures électriques, en raison de l’absence de moteur thermique, de boîte de vitesses complexe, d’échappement ou encore de systèmes de refroidissement élaborés, demandent beaucoup moins de maintenance. Moins de pièces en mouvement signifie moins de risques de panne. Fini les vidanges d’huile ou le remplacement des filtres à air. Cependant, il ne faut pas pour autant négliger les coûts d’entretien spécifiques aux voitures électriques. Les pneus, par exemple, s’usent souvent plus rapidement en raison du couple instantané des moteurs électriques, sollicitant davantage les gommes. De plus, remplacer une batterie en fin de vie peut représenter un coût exorbitant, même si la majorité des constructeurs garantissent leurs batteries pour une durée d’au moins huit ans.
Enfin, la dépréciation d’une voiture électrique mérite qu’on s’y attarde. Si, dans le passé, les véhicules électriques se dépréciaient plus rapidement en raison de la méfiance des consommateurs et des évolutions rapides de la technologie, cette tendance est en train de s’inverser. Aujourd’hui, avec une demande croissante et des progrès notables dans la longévité des batteries, les voitures électriques conservent mieux leur valeur sur le marché de l’occasion. Cependant, cela reste encore très dépendant du modèle et du constructeur.
Les défis cachés : infrastructures et imprévus
Pourtant, l’aspect financier n’est pas le seul à prendre en compte. Si les économies promises par les véhicules électriques semblent séduisantes sur le papier, la réalité peut être plus nuancée. Un des grands défis auxquels sont confrontés les propriétaires de voitures électriques est l’infrastructure de recharge. Alors que les stations-service pour véhicules thermiques se trouvent à chaque coin de rue, les bornes de recharge, elles, sont encore loin d’être omniprésentes, bien que leur nombre augmente rapidement.
De plus, si vous vivez en appartement ou en copropriété, installer une borne de recharge à domicile peut être une véritable épreuve administrative. Dans certains cas, cela peut même être techniquement impossible. Il faut alors se reposer sur les infrastructures publiques, avec les contraintes de temps et d’accessibilité que cela peut imposer. De plus, le temps de recharge est un facteur souvent sous-estimé. Bien que les bornes rapides permettent de recharger en 30 minutes, la plupart des recharges à domicile se font sur des prises classiques, nécessitant parfois toute une nuit pour récupérer une autonomie complète.
Il y a bien entendu la question de la disponibilité des véhicules électriques en cas de panne d’électricité ou de surcharge du réseau. Si vous habitez dans une région sujette à des coupures régulières, cela pourrait s’avérer problématique. Les véhicules thermiques, eux, n’ont pas besoin de réseau électrique pour faire le plein, ce qui leur confère un avantage en termes de fiabilité dans certaines situations extrêmes.
L’avenir des coûts : une perspective en évolution
Il serait imprudent de conclure sans parler de l’avenir car les coûts des voitures électriques évoluent rapidement. La technologie des batteries s’améliore à un rythme effréné, avec des innovations qui devraient permettre d’augmenter leur densité énergétique tout en réduisant leur coût de production. Certaines études prévoient que d’ici 2030, les voitures électriques pourraient atteindre la parité de prix avec les voitures thermiques, sans avoir besoin de subventions. Les matériaux comme le lithium et le cobalt, aujourd’hui essentiels et coûteux, pourraient être remplacés par des alternatives moins chères et plus abondantes.
Le marché des véhicules d’occasion pourrait aussi jouer un rôle clé. À mesure que de plus en plus de véhicules électriques arrivent sur le marché de l’occasion, les prix devraient baisser, rendant ces véhicules plus accessibles à un plus grand nombre de consommateurs. Cela contribuera à réduire encore l’écart de coût entre véhicules électriques et thermiques, tout en augmentant leur attractivité.
Alors, au final, est-ce que les voitures électriques coûtent plus cher ? À court terme, probablement oui. Mais à long terme, lorsque l’on prend en compte les économies d’énergie, de maintenance, et la tendance actuelle du marché, elles semblent clairement devenir un choix plus économique. Toutefois, chaque situation est unique, et avant de faire le grand saut, il est essentiel d’évaluer non seulement vos besoins actuels, mais aussi votre capacité à vous adapter aux défis liés à la recharge et à l’évolution des infrastructures.